VALEUR
LOCATIVE REVISEE ET ANCIENNE VALEUR LOCATIVE
CADASTRALE |
La
place centrale de la valeur locative du local professionnel |
La question de la
comparaison entre la nouvelle valeur locative
cadastrale du local professionnel, issue de la
Révision des valeurs locatives des locaux
professionnels (RVLLP) entrée en vigueur au 1er
janvier 2017, et
l'ancienne valeur locative
cadastrale (régime de 1970) se pose très
rapidement lorsque l'on souhaite examiner
l'évolution de la taxe foncière. Nous avons en
effet une même taxe foncière, un même
contribuable à la taxe foncière (le propriétaire
immobilier), une même notion de valeur locative
qui sert de socle à ladite taxe, mais un
résultat très différent avant 2017 et après.
Ce résultat très
différent provient d'une façon différente
d'appréhender la "valeur locative cadastrale"
qui repose elle même sur la "valeur locative"
(c'est à dire sur le loyer).
Si la valeur
locative du local est calculée de la même
manière en 1970 et en 2017, l'évolution de la
valeur locative cadastrale 1970 (qui repose à
l'origine sur la valeur locative) s'est écartée
de celle de la valeur locative : l'application à
la valeur locative cadastrale d'un coefficient
départemental puis celle d'un coefficient
national a conduit, entre 1970 et 2016, à une
divergence profonde entre la valeur locative et
la valeur locative cadastrale.
De 1970 à 2016, la
valeur locative cadastrale (et donc la taxe
foncière des locaux commerciaux et des locaux
des professions libérales) a certainement moins
augmenté que la valeur locative.
Cela a créé un
avantage pour les propriétaires des locaux
commerciaux et des locaux des professions
libérales, au dépend des propriétaires des
locaux industriels (du moins de la majorités
d'entre eux, évalués selon la méthode
comptable), ce qui n'était pas l'objectif du
législateur. Toutefois, c'est bien le
législateur qui a reculé, pour des raisons
électorales, à réaliser les mises à jour des
valeurs locatives cadastrales prévues par le
texte, lesquelles auraient permis de rapprocher
la valeur locative cadastrale de la valeur
locative.
Le choix a donc été
fait d'asseoir la taxe foncière sur la valeur
locative d'un local professionnel et de redonner
une place centrale au loyer dans le calcul de la
taxe foncière et dans celui de la cotisation
foncière des entreprises (CFE). Ce choix n'est
pas nouveau.
Et c'est toujours
avec étonnement que nous voyons le locataire du
local professionnel (qu'une clause de son bail
oblige à rembourser au bailleur la taxe foncière
due par ce dernier) payer le montant de la taxe
foncière qui repose sur la valeur locative
cadastrale à son bailleur, puis payer la CFE qui
repose pratiquement sur la même valeur locative
cadastrale : un seul local et pratiquement une
seule base mais deux taxes locales (une sur la
propriété, l'autre sur l'occupation du local).
Il aurait été
possible de choisir d'asseoir la taxe foncière,
par exemple, sur la valeur vénale, mais ce choix
qui existe dans d'autres pays n'a pas été retenu
par le législateur.
L'outil de la valeur
locative n'est cependant certainement pas
parfait et ne va pas dans le sens de l'évolution
économique, si l'on tient compte de la
croissance de la dématérialisation et du
commerce par internet (Amazon, ...) qui
réduisent pour certains commerçants,
l'utilisation de locaux à la seule utilisation
d'entrepôts.
Une
multiplication moyenne
par 2,87
de la valeur locative des
locaux professionnels |
La révision des
valeurs locatives des locaux professionnels
(RVLLP) au 1er janvier 2017 conduit, selon
Madame Valérie RABAULT,
Rapporteure générale au projet de loi de
finance pour 2017 (Rapport AN n° 4125), à une
multiplication globale au niveau national des
valeurs locatives brutes des locaux
professionnels de 2,87 par rapport au niveau
existant en 2016.
Il convient de
prendre en compte le fait que cette forte
augmentation est une moyenne et que cette
augmentation ne sera donc pas uniforme :
certains supporteront une augmentation
inférieure à la moyenne, et d'autres auront une
augmentation supérieure à la moyenne. En effet,
les situations seront très différentes selon les
départements, selon le fait qu'une commune soit
classée dans un ou plusieurs secteurs
géographiques, selon les catégories de locaux,
selon les activités économiques.
La valeur locative est un loyer
qui correspond à des services proposés pour un local par le propriétaire des murs |
La valeur locative
d'un local professionnel n'est pas simplement un
loyer : ce loyer correspond à un local loué,
plus ou moins grand, plus ou moins bien agencé,
plus ou moins récent, doté ou non d'ascenseurs,
d'air conditionné, situé dans un quartier plus
ou moins favorable pour l'activité du locataire,
avec un accès plus ou moins aisé pour les
clients du locataire.
En fonction de son
activité le futur locataire évaluera l'intérêt
pour lui de louer le local professionnel et le
montant du loyer qu'il pourra accepter.
A l'intérieur d'une
même activité, deux commerçants peuvent avoir
des stratégies différentes, rechercher des
locaux différents et accepter de payer un
montant de loyer différent pour un même local.
Ces différences dans
l'appréciation par le locataire de la valeur
locative commandent un besoin de
personnalisation de la valeur locative qui ne se
retrouve pas dans le nouveau calcul de la valeur
locative révisée : la réduction du nombre de
coefficients de pondération, la réduction du
nombre de tarifs en fonction de l'activité, la
réduction des possibilités d'ajustement du tarif
au m2 pour prendre en compte la différence de
situation entre le terme de comparaison (qui
n'existe plus) et le local à évaluer ne
permettent pas d'appréhender correctement la
diversité du réel.
|